N°487 - Mars/avril 2024

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La tribologie, un atout pour répondre aux défis actuels

Le terme tribologie est apparu dans la décennie 1950 et désigne la science du frottement et de l’usure. Mais dès l’Antiquité, les Egyptiens utilisaient des lubrifiants, et les Romains avaient pris conscience qu’une sollicitation répétée, fût-elle minime, pouvait user les matériaux les plus durs.
Pourtant, en 1953, quand le fondateur du groupe HEF quitte son emploi pour créer une société développant des traitements de surface, l’usure est encore considérée dans l’industrie comme normale. Quand une pièce est usée, on la remplace. À quoi bon dépenser de l’argent dans des revêtements retardant l’usure ?
Soixante-dix ans après, bien du chemin a été parcouru : HEF est passé de 2 à 3 500 personnes. L’approche tribologique permet aujourd’hui de choisir ou d’optimiser les traitements de surface pour répondre aux défis actuels tels que la sobriété énergétique, la décarbonation ou les problématiques de santé et d’environnement. Les Journées tribologie et traitement de surface (J2TS) organisées au CETIM en novembre dernier ont été l’occasion de traiter ces différents thèmes, dont certains sont abordés dans ce numéro. Vous pourrez y lire que des traitements traditionnels ont réussi une mutation afin d’éliminer les composants toxiques et s’inscrire dans une logique d’économie circulaire, tout en restant performants et ­compétitifs.  
On parle souvent d’abaisser le frottement ; mais celui-ci est intéressant lorsqu’il s’agit de freiner. Là aussi, les traitements de surface prouvent leur utilité afin de maîtriser les émissions de particules, dont certaines se révèlent particulièrement nocives.
Qui dit frottement, dit souvent lubrification. Les traitements de surface ont un rôle à jouer, que ce soit pour retenir le lubrifiant, assurer un frottement bas en cas de rupture du film d’huile, ou interagir avec les additifs. Ce dernier point est un vrai défi tribologique car les fabricants d’huile ou de graisse gardent souvent jalousement le secret de leur additivation.  Le troisième article du dossier traite de cette compatibilité.
En ouverture des J2TS, M Plint (Phoenix Tribolgy) avait conclu par une question : avec la fin du moteur thermique (et du contact lubrifié dans l’injection et la distribution), y aura-t-il encore autant besoin de tribologie demain ?
La réponse ne fait aucun doute. La maturité des films DLC a permis l’introduction de lubrifiants à plus basse viscosité. La mobilité électrique soumet ses engrenages et transmissions à des vitesses de rotation très élevées. Les éoliennes marines opèrent dans des conditions extrêmes de turbulence et de salinité. Que ce soit avec l’arrivée de l’hydrogène comme carburant décarboné ou dans les centrales nucléaires de nouvelle génération, il va falloir investiguer le frottement dans des milieux très particuliers, encore peu explorés. Il y aura donc encore de nombreux défis tribologiques à relever pour les ­décennies à venir.

Yves Gachon, Responsable équipe tribologie IREIS

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