N°482 - Mai/juin 2023
Fabrication additive et hydrogène : deux atouts pour la France
De nombreux industriels français se sont engagés dans l’aventure de la fabrication additive et de l’hydrogène, qu’évoque ce numéro, avec le soutien d’une politique industrielle publique ambitieuse. Maintenir la France et l’Europe en position de leaders technologiques et industriels sur ces sujets est essentiel. La France dispose d’atouts pour ces deux programmes. Les caractéristiques de la fabrication additive la destinent aux fabrications de petites ou moyennes séries à haute valeur ajoutée, pour des applications notamment dans les industries spatiales, aéronautiques ou médicales. La France y occupe des positions très fortes. Il existe par ailleurs une filière française de production de poudres, historiquement développée pour des applications militaires, et qui bénéficie là de débouchés nouveaux. De même, le tissu industriel français recèle des atouts déterminants pour la filière hydrogène. Le groupe Air Liquide dispose d’une expertise de plus de soixante ans en matière de technologie de production et distribution, de sécurité, de réseaux, d’usages, et son activité de Recherche et Développement est majoritairement basée en France. D’autres acteurs tels que Total Energies, EDF, Engie, CEA, Alstom, McPhy, John Cockerill, Forvia ou Michelin développent des stratégies volontaristes pour développer la production et la distribution d’hydrogène ainsi que les usages. Et les infrastructures de production d’électricité françaises, existantes et en projet, seront mises à profit pour produire de l’hydrogène à faible empreinte carbone. Depuis plusieurs années, l’industrie a vu naître et grandir les procédés de fabrication additive, qui tendent à s’imposer grâce aux solutions techniques qu’ils offrent. Ces procédés permettent de nombreuses possibilités en termes d’optimisation topologique tout en raccourcissant les cycles de développement et de production des pièces. À ces nombreux avantages, sont associés un certain nombre de contraintes et de verrous techniques. La présence de défauts surfaciques et/ou internes sont les raisons principales des risque de défaillance des pièces métalliques fabriquées par fusion de poudre et sujettes à des sollicitations mécaniques répétées. La résistance en fatigue des composants produits par ces procédés de fabrication additive par poudres peut encore être grandement améliorée. L’hydrogène, utilisé jusqu’à présent pour des applications industrielles (métallurgie, raffinage, chimie, verre), est produit en grande majorité dans des unités de steam-reforming de gaz naturel, avec rejet fatal de CO2. Son développement comme vecteur d’énergie va nécessiter des investissements considérables pour développer des structures industrielles de production à faible empreinte carbone. La production par électrolyse d’eau apparait comme la voie la plus pertinente, pour autant que ces électrolyseurs soient alimentés avec de l’électricité décarbonée. Le prochain congrès de l’A3TS qui se tiendra les 5-6-7 juillet 2023 à Mulhouse sera l’occasion pour les industriels et chercheurs, de partager leurs visions sur ces questions.
Pierre Bruchet, Délégué général A3TS