N°481 - Mars/avril 2023

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Contrôle et mesure : un enjeu de souveraineté pour l’industrie française

Jusqu’à récemment, le contrôle industriel des productions faisait appel à des mesures par échantillonnage, souvent par des méthodes destructives, en extrayant à intervalles réguliers ou aléatoires des pièces de la chaîne de production, pour les envoyer au laboratoire de contrôle. En cas d’écart par rapport aux tolérances, les résultats, obtenus alors avec des délais significatifs, conduisaient alors à intervenir avec retard sur la ligne de production.
La recherche de la compétitivité industrielle, dans un contexte de concurrence internationale exacerbée dans toutes les grandes filières industrielles, passe aujourd’hui par des tolérances de fabrication de plus en plus resserrées en termes de reproductibilité des propriétés géométriques, physiques, fonctionnelles. Les besoins de mesure se sont de facto considérablement accrus et touchent de multiples aspects : dimensions, état de surface ou défauts internes.
Dans le même temps, l’accélération du développement de technologies de mesure — technologies non destructives reposant souvent sur des mesures optiques, électriques ou électromagnétiques sans contact (UV, rayon X ou laser), avec des temps de réponse très courts, capteurs autonomes et communicants, traitement informatique de masses considérables de données acquises en temps réel, algorithmes d’intelligence artificielle couplant phénomènes physiques et apprentissage — a permis de générer des solutions de diagnostics en temps réel, de détecter des dérives avant que celles-ci ne se traduisent sur des défauts qualifiés en fin de ligne. Et de contribuer à l’optimisation de la production. Sont ainsi mises à disposition des opérateurs et des systèmes automatisés de pilotage de production des influx d’informations de plus en plus nombreuses et diversifiées au fur et à mesure que des capteurs sont intégrés à de multiples étapes de la production et alimentent, en temps réel, un système de supervision et de contrôle doté de capacités d’analyses avancées. Il ne s’agit pas tant de tout automatiser que de fournir des data préanalysées à l’attention des équipes d’exploitation et/ou de maintenance leur permettant de prendre les bonnes décisions. On touche là un levier essentiel de productivité et de compétitivité.
Dans une période ou l’industrie peine à recruter, l’introduction des solutions technologiques de contrôle, de mesure et d’interprétation de données industrielles, composantes pivot de l’usine numérique, constitue aussi un formidable atout pour rehausser l’image de l’industrie auprès des jeunes. Par ses compétences académiques, en particulier dans le domaine de l’optique et des mathématiques appliquées, la France dispose d’atouts de premier plan pour faire émerger des acteurs leaders dans ce domaine. Nombreuses sont les start-ups qui émergent çà et là pour proposer des solutions innovantes : mesure sans contact d’épaisseurs de revêtements de surface ou de couches fonctionnelles, caractérisation des états de surface ou détection de défauts dans la microstructure interne de pièces mécaniques.
Il s’agit là d’un enjeu de souveraineté dans la compétition industrielle internationale. L’une des clés réside dans l’approche en réseau entre laboratoires de recherche, start-up et grands groupes couplée à des financements pour créer des leaders technologiques de taille internationale.

Pierre Bruchet, délégué général A3TS

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