N°475 - Mars/avril 2022
Des changements devant nous dans les métiers du traitement des métaux
Ancien directeur scientifique d’ArcelorMittal et président de l’IRT-M2P, j’ai une vision un peu particulière des traitements à faire sur les métaux et sur les évolutions auxquelles ils risquent d’être confrontés.
La première des évolutions est évidemment la transition écologique et les nouvelles règles de gestion des matières, notamment les produits chimiques utilisés dans les traitements de surface. La législation Reach impacte en effet de façon très importante ce secteur d’activité. L’établissement de Duppigheim de l’IRT-M2P est entièrement dédié aux revêtements de surface pas voie liquide et son activité est complètement focalisée sur les développements de bains compatibles avec la réglementation Reach. Il y a beaucoup à faire si on veut éviter des délocalisations massives, comme dans le cas du chromage sans Cr6.
Toujours en lien avec la transition écologique, la diminution de l’empreinte CO2 doit évidemment se poursuivre, notamment la consommation d’énergie des procédés de traitements thermiques ou de traitements de surface par voie gazeuse comme la cémentation ou la nitruration. Là aussi l’IRT-M2P, dans son établissement de Metz réalise des projets pour développer des gammes de traitement minimisant les impacts écologiques grâce aussi à des analyses de cycles de vie pour ces métiers.
Une autre conséquence de cette transition sera un développement important du recyclage. Mon expérience en sidérurgie m’incite à penser que les aciers faits à partir de matériaux recyclés vont devenir la norme. C’est déjà largement le cas pour les aciers spéciaux qui sont déjà faits, dans leur immense majorité, par la voir ferrailles + four électrique. Il y a sans doute pas mal à gagner par un meilleur tri des ferrailles afin de bien recycler des métaux chers tels que le molybdène ou le vanadium. La mise en place de filières de recyclages capables d’améliorer le taux de recyclage des produits en fin de vie va immanquablement compliquer les opérations de tri et risque d’atteindre la précision des visées métallurgiques. Il faudra sans doute en tenir compte et développer des traitements plus robustes vis-à-vis de ce paramètre.
En parallèle, les traitements de surface seront aussi à prendre en compte dans le développement des opérations de tri et de recyclage. Il faudra, encore une fois, adapter les pratiques pour qu’elles ne viennent pas perturber les opérations en fin de vie des produits : le tri et le recyclage proprement dit.
Enfin, une autre évolution largement entamée est celle de la métallurgie des poudres. Elle connaît un regain d’intérêt avec les techniques de fabrication additive. Cette technologie pose de beaux problèmes pour les traitements ultérieurs comme, par exemple, l’obtention d’états de surface meilleurs.
Bref, la profession va devoir continuer à s’adapter et à innover comme elle l’a toujours fait.
François Mudry, président de l’IRT-M2P
Sommaire
Dossier
- Risque HAP en cémentation gazeuse basse pression : évaluation des expositions, modélisation et optimisation du procédé
- Contrôle du traitement thermique des pièces de série par courant de Foucault
- Utilisation de l’analyse du cycle de vie pour l’évaluation des impacts environnementaux des procédés de traitement thermochimiques des aciers
- Influence de l’incorporation d’hydrogène lors de l’électrodéposition de chrome sur les propriétés mécaniques