N°468 - Janvier/février 2021
Les surfaces, on ne les verra plus comme avant…
Dans les matériaux qui nous entourent, c’est la surface que l’on voit et ses propriétés impactent directement l’usage qu’il soit simplement esthétique via des peintures, de l’anodisation… ou pour améliorer leur durabilité (traitements anticorrosion, métalliques, chimiques, organiques) par diverses voies ou encore leurs fonctionnalités (usure, frottement, nettoyabilité…). La « ruine » des matériaux n’est pas due qu’au comportement de leur surface mais elle y contribue (piqûres de corrosion, amorçage de fissures, usure…). La nouvelle année est l’occasion de refaire un petit tour d’horizon du contexte et des perspectives. La transition écologique impacte déjà depuis plusieurs années le monde des surfaces via REACH d’abord conduisant au choix de traitements sans chrome VI, sans nickel ni cadmium, sans bisphénol, avec des résines biosourcées, puis en optimisant les procédés et leurs rejets, eau, air, diminution des solvants, traitements des effluents, recyclage des boues, récupération des poussières… Ces contraintes et les opportunités associées sont maintenant des incontournables : moins cher, plus durable, faisant appel à des matériaux abondants, non toxiques et recyclables, mettant le bon matériau juste au bon endroit. Revêtir des matériaux (métalliques ou non) d’alliage à haute entropie peut donner des propriétés mécaniques dépassant souvent les alliages métalliques traditionnels (dureté).
La transition numérique s’est accélérée, modélisation des surfaces et prédiction de leur comportement, design des solutions, texturation parfois imitant la nature qui sait si bien faire, nanotechnologies et « smart coatings » apportant de nouvelles fonctionnalités. L’arrivée de la fabrication additive et les possibilités énormes de réaliser des pièces complexes intégrant des fonctions ont ouvert un nouveau champ pour les traitements de surface. Une bonne partie de ces pièces ne peut être utilisée telle quelle que ce soit pour des aspects aussi bien esthétiques que fonctionnels et nécessite une opération supplémentaire. La complexité des formes impose donc de revoir les procédés et paramètres de traitement de surface. Et maintenant parlons de notre quotidien, la Covid-19, pas encore tout à fait derrière nous : elle nous a fait prendre conscience du rôle des surfaces dans une dimension souvent oubliée, la dimension sanitaire. Les surfaces sont source de contact, de transfert possible dans les lieux et pour les objets à usages multiples, hôpitaux, transports partagés, objets de la vie quotidienne… On a alors parlé ou reparlé de surfaces antibactériennes, antivirales, de nettoyage facilité voire d’autonettoyage. On redécouvre le rôle de l’argent, du cuivre, de l’hydrophobicité et des solutions sont proches. Il y a encore des développements à venir sur ce sujet clef. Alors, les surfaces et leurs traitements n’ont pas fini de nous étonner… et de nous aider.
Danièle Quantin, présidente de la Société Française de Métallurgie et des Matériaux (SF2M) et présidente du Pôle de compétitivité Matéralia