N°425 - Décembre 2013

N°425 - Décembre 2013

Relancer notre industrie métallurgique

Depuis de nombreuses années, des signaux forts nous arrivent indiquant que notre industrie nationale, et en premier lieu l’industrie métallurgique française, subit un recul très net. La France, autrefois une puissance métallurgique, est aujourd’hui peu présente en métallurgie des poudres, l’industrie de l’aluminium a été démantelée entre plusieurs groupes (grâce à la Commission européenne), et nos aciers spéciaux pour l’automobile sont sur la corde raide, pour savoir si demain ils existeront encore (en tout cas ils n’appartiendront pas à des français). Je ne pense pas que la mesure de notre déclin a bien été prise en compte par nos élites. Le premier et aussi le symbole le plus médiatique utilisé en haut lieu vis-à-vis de notre industrie a été de ne plus utiliser le mot industrie mais de le remplacer par « redressement productif », le gouvernement a-t-il lui aussi peur des mots ? Nous savons tous que nos jeunes futurs cadres ont une image plus positive de la finance et de la gestion de projets que de l’industrie. Redonner à notre industrie un pouvoir d’attraction pour attirer les jeunes commencerait, selon moi, par rendre au mot industrie sa noblesse. Bien sûr cela ne suffit pas. Mais reparler aux collégiens et lycéens de l’industrie en termes positifs, leur redire ce que notre industrie métallurgique a apporté au confort de nos vies. Dire que la métallurgie offre des domaines de spécialité derrière lesquels courent littéralement les entreprises, est une vérité que personne ne claironne.  Au déclin de l’industrie métallurgique est associé celui de l’enseignement et de la recherche académique dans ce domaine. Les laboratoires académiques travaillant en métallurgie ont des difficultés à renouveler leurs postes, et leurs investissements. Ils sont obligés de trouver des sujets de développement « à la mode ».  Là ne s’arrête pas le chemin d’une ré-industrialisation de la France. Des discours incantatoires ne suffisent pas, des actes concrets, et donc financiers sont indispensables. L’industrie est consommatrice d’investissement et de formation. Et dans un contexte morose, l’état doit soutenir l’effort. Il manque encore au moins une pièce dans notre puzzle. L’aéronautique et le spatial sont des arbres qui cachent le désert de grands projets technologiques français. Retrouvons-les pour que la France apparaisse comme un leader mondial. Nous en avons le génie, mais pas la volonté. Enfin, il y a certainement des efforts à faire dans le regroupement de nos PME industrielles, souvent trop petites pour affronter le coût d’investissement, le renouvellement du personnel, ou encore pour répondre à des marchés qui les dépassent. Certaines détiennent des innovations qui ne sont pas industrialisées par manque de support. Les projets R&D cofinancés par l’état sont aussi sensibles à l’air du temps sur des thèmes « à la mode », lourds à préparer, et très incertains en chance de succès. Nous pouvons relancer notre industrie métallurgique, nous en avons le génie, les hommes, l’amour. Mais dans ce monde ultra concurrentiel où aucun pays ne joue vraiment le jeu, soyons nous aussi volontaristes.

Jean Dhers, Responsable R&D, Areva

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