N°408 - Janvier/février 2011

N°408 - Janvier/février 2011

Alphonse le trempeur 

L’art du traitement thermique appartient au trempeur représenté souvent par Alphonse, personnage au sens pratique, créé il y a quelques années par Jacques Marty, alors rédacteur en chef de la revue Traitement Thermique. Ce métier de trempeur est toujours répertorié dans les références de pôle emploi. Il a la compétence de régler le four, de savoir attacher la pièce à traiter, la placer dans la charge et la saisir après un chauffage convenable pour l’immerger dans un fluide, afin d’obtenir son durcissement. Ainsi, tremper est synonyme de durcissement et d’immersion dans un liquide. Le choix du fluide est très important. On attribue la qualité des épées de Tolède à l’eau disponible pour les tremper. Il semble bien que l’origine ou « l’invention » de la trempe se perde dans la nuit des temps. Cette expression est passée dans le langage courant : « un caractère bien trempé, dur comme l’acier trempé, mettre ou recevoir une trempe… ».
On a pu voir dans la littérature jusqu’à la fin du XIXe siècle des astuces pour modifier les propriétés du fluide de trempe qui n’avaient rien à envier aux recettes des grimoires de sorciers, sans parler du bénéfice de l’urine souvent présente dans le bac de trempe par suite des soulagements naturels du trempeur. Ces « ficelles » seront remplacées par la maîtrise des propriétés des fluides de trempe, par leur nature, leur composition et leurs paramètres d’emploi. Plus tard seront définis par M.A. Groosmann aux états-Unis, les notions de drasticité et de sévérité de trempe. L’ATTT (aujourd’hui A3TS) contribuera à la rédaction des documents normatifs sur ce sujet.
Le terme de trempe a ensuite évolué vers la notion de durcissement par trempe (induisant le mécanisme de transformation - marten­sitique - et les notions de vitesses critiques). La trempabilité a été définie. Les mécaniciens continuent à évaluer l’efficacité de la trempe par des locutions comme tremper trop sec (durcir trop et fragiliser), trempailler (mal tremper). Dans le jargon de métier, se sont répandus des termes réprouvés par « l’académie » comme auto-trempant (pour un alliage prenant le durcissement après un refroidissement à l’air) ou  hypertrempe (traitement de mise en solution des aciers à structure austénitique à la température ambiante). Le terme de trempe doit être réservé aux opérations conduisant au durcissement par trempe et de mise en solution, aux traitements conduisant à une solution métastable susceptible de durcir par vieillissement, maturation ou revenu.
Ainsi la trempe est toujours bien une opération de durcissement réalisée par des hommes au caractère bien… trempé. 

Alphonse le trempeur, personnage inventé par Jacques Marty.

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