N°393 - Mars 2009
Un monde d’innovations imaginaire
Les acteurs de la R&T et notamment ceux qui ont en charge la compétence des traitements des matériaux, traitement thermique et traitement de surface, sont aujourd’hui des femmes et des hommes heureux dans un monde que je souhaite visiter avec vous. Dans ce monde imaginaire, il n’y a jamais eu autant d’innovations qui se trouvent toutes ainsi à portée de main. Paradoxalement les ingénieurs, les techniciens, ont à faire face à une difficulté majeure, celle qui consiste à résoudre une équation complexe.
En effet, la situation peut ainsi être décrite de la manière suivante. Il existe une vraie force motrice pour le développement de l’innovation en raison de l’afflux de réglementations nationales et européennes touchant produits et procédés, l’obsolescence des matériaux et des produits qui est guidée par la recherche accrue de gain de productivité et devant le besoin des concepteurs, de leurs clients de faire du mieux, du moins cher et du plus endurant. Ainsi, nos chercheurs, ingénieurs et techniciens se sont donc mis consciencieusement au travail. C’est ainsi que nous avons vu apparaître nombre de nouveautés notamment dans le traitement de surfaces. Ces derniers les ont évidemment rapidement testées, valorisées, optimisées voir vulgarisées pour les mettre à disposition respectant de magnifiques « road maps », des délais tendus et des budgets serrés, un vrai tour de force en somme.
Mais voilà, toutes ces innovations, ces ruptures technologiques présentent des caractéristiques qui vont les rendre difficilement acceptables et utilisables. Ainsi, ne va-t-on pas leur reprocher de ne pas être disponibles sur l’ensemble des marchés, que leur propriété industrielle soit robuste, des brevets en protègent les inventeurs, qu’ils ne soient pas disponibles en pays low cost, qu’ils ne fassent pas encore l’objet de normes internationales, qu’elles ne soient le fruit du travail que d’une seule société et surtout qu’elles n’aient pas encore été adoptées par la concurrence ! Un vrai non sens en terme de “ procurement ”.
Ainsi, notre innovation devient une victime de plus d’une équation technico-économique sans solution et avec elle on constate que c’est toute la motivation et la créativité initiale qui petit à petit vont disparaître et à l’extrémité de la chaîne, c’est la création d’emplois qui ne se fera pas.
La pensée économique unique aurait-elle encore de beaux jours devant elle dans certaine contrée imaginaire ? Non bien sûr. Et toute ressemblance avec une situation technique et/ou économique existante ou ayant existée au sein de votre entreprise ne serait que le fruit du hasard.
Alain Viola, En charge de la R&T, Direction des Matériaux et Procédés, Groupe Safran