N°385 - Mars 2008

N°385 - Mars 2008

2008, l’année du rat

Les sociétés de traitements de surface, en particulier dans le secteur aéronautique, traversent une période d’évolution majeure. Elle concerne la mutation des procédés vers le « chrome free », ce qui sous-entend non pas sans chrome, mais sans chrome à la valence 6 (chromates, bichromates…) espèces chimiques réputées cancérigènes et mutagènes. Il en est des études concernant les technologies liées aux traitements de surface, comme de beaucoup d’autres. Années après années elles progressent, lentement, parfois elles marquent le pas, parfois il y a des retours en arrière. Ainsi, les années passent sans progrès décisif, jusqu’à un moment donné où la maturation du cycle aboutit. Alors, on observe un emballement du processus, un moment où tout s’accélère et où il devient évident que l’on va enfin voir naître de vrais évolutions et enfin, aboutir des années de recherches, de tâtonnements, de discussions avec les clients, les fournisseurs.
Ainsi en est-il pour le traitement de surfaces en général et pour celui des alliages d’aluminium, utilisé dans le secteur aéronautique, en particulier. Depuis le début des années 80, des programmes de recherches, internes ou coopératifs, ont été lancés, en particulier par de grandes sociétés du secteur aéronautique, appuyés par des organismes nationaux (STPA) puis européens (DG V de l’UE), pour remplacer le chrome hexavalent dans les procédés tels que, anodisation, conversion chimique et primaires de peinture, procédés parfaitement maîtrisés depuis des années. La volonté de remplacement des procédés utilisant le chrome hexavalent est fondée principalement sur son caractère nuisible pour l’environnement et l’organisme humain. De plus, dans le cas de l’anodisation chromique, se manifestait également la volonté de développer un procédé plus performant sur le plan technique, principalement concernant son incidence néfaste sur le plan du comportement en fatigue du matériau traité. Enfin, l’aspect marketing de « l’avion vert » n’est pas à écarter dans les motivations.
Des solutions sont apparues, certaines poursuivent leur développement tandis que d’autres sont abandonnées. De nouvelles possibilités sont investiguées. C’est une période particulièrement passionnante et féconde sur le plan technique.
Concernant le remplacement de l’anodisation chromique citons, les procédés d’anodisation alternatif type sulfo-borique, sulfo-citrique ou sulfo-tartrique, les procédés physiques type pulvérisation cathodique ou les procédés chimiques type sol-gel.
​​​​​​​Dans ce mouvement, une question est en arrière-plan depuis le début : sera-t-il possible de remplacer un procédé utilisant le chrome 6 sans aménagement du cahier des charges client, compte tenu des caractéristiques anticorrosion particulièrement élevées de cet élément chimique ?
La même question se posait et se pose toujours pour d’autres procédés, largement utilisés dans le secteur aéronautique tel que le cadmiage, compte tenu de ses caractéristiques élevées en matière de tenue à la corrosion, d’aptitude au frottement, de soudabilité, de conductibilité électrique… A ce jour, la question n’est pas tranchée.
L’année du rat, réputé pour sa sagesse, commencée début février 2008, sera certainement riche en enseignements sur ce sujet majeur pour notre profession.

Claude Brault, Conseiller technique & développement, AIMT France

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