N°374 - Octobre 2006

N°374 - Octobre 2006

De l’incertitude aux incertitudes

Quelles sont vos incertitudes sur les mesures de dureté et comment les répercutez-vous pour l’acceptation des cahiers des charges ? Cette question posée il y a quelques années, dans le cadre des certifications ISO 9001, aux professionnels du traitement thermique, donnait souvent lieu à des réponses embarrassées et pour le moins évasives. Tout simplement parce qu’ils appliquaient, alors, les normes d’essais très scrupuleusement et considéraient, de ce fait, que le résultat trouvé était le bon. Les incertitudes c’était pour le dimensionnel ! Les cahiers des charges des donneurs d’ordre reflétaient cet état d’esprit et les commandes avec des exigences de dureté au demi-Rockwell près étaient légions.
Partant de cette question, la profession, avec l’aide du comité « Traitement thermique et revêtements par voie sèche » du Cetim, a trouvé des solutions conformes à l’esprit des métrologues pour traiter le problème de la dureté.  Il est maintenant aisé de répondre aux questions concernant la faisabilité des contrats et la déclaration de conformité. De plus, les dernières études diffusées en 2006 par le Cetim utilisent les résultats sur l’incertitude des essais de dureté pour résoudre l’épineux problème de l’application des statistiques en traitement thermique (voir Traitement Thermique n° 370, p.35).
Reste que tout n’est pas encore résolu et ces progrès induisent d’autres problèmes liés à la communication et à l’histoire des produits industriels. Ainsi, comment  un professionnel peut-il expliquer à un client qu’il sert depuis des années que le demi-Rockwell n’est plus possible ! Alors qu’un confrère (moins informé sur la métrologie) ne soulève pas de difficulté pour le réaliser. Par ailleurs, les laboratoires de contrôle touchés par cette vague indiquent maintenant systématiquement les incertitudes des essais mécaniques rendant « non-conformes » des produits qui l’étaient auparavant pour les mêmes valeurs.
Ces soucis de communication sont d’autant plus difficiles que les marchés sont largement internationaux et que des différences existent d’un pays à un autre. L’exemple de la norme de mesure des températures AMS 2750* applicable au traitement thermique et qui est en passe de se généraliser au niveau mondial dans le domaine de l’aéronautique est, en ce sens, significatif. Lors d’une première lecture par un métrologue, celui-ci répondait sans hésitation qu’elle n’était pas applicable si l’on prenait en compte les incertitudes de mesure. Une lecture plus approfondie montre que la norme ne prend en compte qu’une faible partie des causes d’incertitudes. Ce qui peut évidemment poser des problèmes en cas de sous-traitance de mesures dans un laboratoire Européen.
Nous avons évoqués ici deux exemples concernant les essais dureté et la mesure des températures. Toutefois, grâce aux développements technologiques et à l’apport  des systèmes de management de la qualité qui obligent les industriels à s’interroger plus complètement sur les essais en général, d’énormes progrès sont intervenus dans tous les contrôles liés à notre profession (température, pression, essais mécaniques, contrôles non destructifs…). Il est souhaitable comme nous l’avons indiqué qu’ils soient relayés par une bonne communication et, dans ce sens, nous ne pouvons que souligner l’intérêt de numéros spéciaux tels que celui-ci dans la presse professionnelle.

Christian Tournier, Directeur Qualité, Bodycote, TPG – Western Europe 

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